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Un scrutin crucial prévu en octobre 2025
La Côte d’Ivoire se prépare à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, un scrutin crucial pour consolider la stabilité retrouvée après la crise de 2010-2011. Le paysage politique est en effervescence : les alliances se défont et se refont, tandis que le gouvernement insiste sur la tenue d’un scrutin pacifique et crédible, gage de stabilité et de continuité du développement.
Des alliances historiques bouleversées
La scène politique ivoirienne contemporaine s’est longtemps articulée autour de trois grands partis – le PDCI-RDA d’Houphouët-Boigny (puis de son successeur Henri Konan Bédié), le FPI de Laurent Gbagbo et le RDR d’Alassane Ouattara. Leurs relations ont oscillé entre rivalités farouches et alliances d’intérêt. Après 2011, un rapprochement inédit s’est opéré : le PDCI de Bédié et le RDR de Ouattara s’unissent au sein du RHDP pour gouverner ensemble. Cette coalition “houphouëtiste” a fonctionné jusqu’en 2018, lorsque Bédié a rompu avec Ouattara en refusant de fondre le PDCI dans un parti unifié RHDP. La rupture a fait voler en éclats l’entente au pouvoir : le RHDP est devenu le parti présidentiel hégémonique, tandis que le PDCI retournait dans l’opposition.
Parallèlement, le FPI de Gbagbo s’est scindé durant son absence, entre la branche d’Affi N’Guessan et les fidèles restés loyaux à l’ex-président. Au retour de ce dernier en 2021, un nouveau parti, le PPA-CI, a vu le jour pour réunir ses partisans. Dans ce contexte, d’anciens adversaires historiques ont noué des alliances surprenantes : Bédié et Gbagbo ont fait cause commune à partir de 2019 pour s’opposer à un troisième mandat de Ouattara. Ensemble, ils ont appelé à la désobéissance civile en 2020 et boycotté le scrutin, sans réussir à empêcher la réélection du président. Néanmoins, cette collaboration inédite a ouvert la voie à des coordinations PDCI-FPI qui perdurent aujourd’hui dans l’opposition.
Une mosaïque de candidats pour 2025
Le jeu des candidatures à venir reflète ces réalignements. Du côté du pouvoir, le RHDP mise sur la continuité. Son leader naturel demeure le président Alassane Ouattara, même si celui-ci entretient le suspense sur sa participation. Ouattara affirme n’avoir « pas encore pris de décision » tout en se disant « désireux de continuer à servir » son pays. Il a également laissé entendre que son parti regorge de successeurs possibles – « une demi-douzaine de candidats » selon lui – s’il choisissait de passer la main. Qu’il se représente ou désigne un dauphin, l’objectif du camp présidentiel est clair : préserver la stabilité et poursuivre les chantiers économiques engagés.
En face, l’opposition s’organise tant bien que mal. L’ancien président Laurent Gbagbo a déjà été investi candidat par son parti PPA-CI, malgré son inéligibilité actuelle liée à une condamnation judiciaire. Il réclame un scrutin « juste » et « paisible », même s’il devra obtenir une amnistie pour pouvoir concourir. Simone Gbagbo, à la tête de son propre parti (MGC), se porte également candidate, ce qui pourrait disperser l’électorat pro-Gbagbo.
Le PDCI, principale formation d’opposition, doit quant à lui composer avec l’absence de Bédié. C’est Tidjane Thiam, ancien ministre et banquier international, qui a repris les rênes du parti et apparaît comme un prétendant sérieux pour 2025. M. Thiam, qui incarne un renouveau générationnel, doit toutefois faire face à d’autres cadres ambitieux au sein du PDCI. Le parti envisage aussi des alliances au second tour avec d’autres opposants pour maximiser ses chances.
Enfin, Pascal Affi N’Guessan porte la candidature du FPI originel, bien qu’il peine à mobiliser au-delà de son noyau militant.
Recompositions politiques et ralliements
Le paysage politique est donc en pleine recomposition à l’approche du scrutin. Côté pouvoir, le RHDP s’est solidement implanté sur tout le territoire grâce à la fusion de diverses forces en son sein. Il a intégré d’anciennes formations alliées et attiré des transfuges du PDCI. Cette stratégie a largement dominé les élections locales de 2023, confirmant sa suprématie électorale face à une opposition divisée.
En miroir, l’opposition cherche à s’unir malgré les scissions. Le PPA-CI de Gbagbo et le PDCI de Thiam ont entamé des discussions pour présenter un front commun en 2025. Ils ont d’ailleurs fait liste commune lors de certaines locales de 2023. Une coalition formelle PDCI–PPA-CI – que ce soit dès le premier tour ou via un report de voix au second – pourrait représenter un défi sérieux pour le RHDP. Cependant, une entente durable se heurte encore aux rivalités de leadership et à l’incertitude sur la candidature de Gbagbo.
Plusieurs opposants modérés ont d’ailleurs rallié le camp présidentiel ces dernières années, illustrant la stratégie d’ouverture du RHDP et contribuant à affaiblir l’opposition.
Stabilité et développement : le credo du gouvernement
Face à ces recompositions, le gouvernement affiche un discours résolument optimiste et rassembleur. Il martèle que la stabilité sera préservée tout au long du processus électoral. « L’élection sera paisible, démocratique et transparente », a promis Alassane Ouattara, en gage de crédibilité des institutions chargées d’organiser le vote. La Commission électorale indépendante met en œuvre des moyens conséquents pour un scrutin fiable : modernisation du matériel, formation des agents et révision des listes électorales (près d’un million de nouveaux inscrits en 2024).
Le camp au pouvoir insiste également sur la nécessité de préserver le développement économique engagé. La croissance ivoirienne figure parmi les plus élevées d’Afrique, portée par de vastes chantiers d’infrastructure. Le gouvernement estime que seule la continuité politique peut préserver cette dynamique et la confiance des investisseurs. Sur le plan sécuritaire, enfin, les autorités soulignent leurs efforts pour contenir les menaces et éviter un retour des violences : réforme de l’armée, vigilance accrue aux frontières nord face au terrorisme, et réintégration des ex-combattants ont contribué à faire du pays un îlot de relative tranquillité dans une région troublée.
En définitive, la présidentielle de 2025 s’annonce comme un test de maturité pour la démocratie ivoirienne. C’est un défi où pouvoir et opposition devront faire primer l’intérêt national – stabilité, développement et démocratie – sur les querelles partisanes. Au soir du 25 octobre 2025, l’enjeu pour la Côte d’Ivoire est qu’elle en ressorte unie et renforcée, quelle que soit l’issue du scrutin.