De l’ambition à la réalité : Le Togo intègre le cercle des pays à IDH moyen

Le Togo franchit un seuil historique dans l’édition 2025 du Rapport sur le développement humain du PNUD. Avec un IDH porté à 0,571, le pays passe de la catégorie des pays à « faible développement humain » à celle des pays à « développement humain moyen ». Il se hisse au 2ᵉ rang de l’UEMOA et au 4ᵉ de la CEDEAO, derrière le Cap-Vert, le Ghana et la Côte d’Ivoire, et devant le Nigeria. Au-delà du symbole, cette progression valide une trajectoire publique axée sur l’investissement social, la santé, l’éducation et l’inclusion financière, et renforce l’image internationale d’un Togo réformateur.  

« Le Togo se classe désormais 161ᵉ sur 193 pays et territoires, gagnant deux places, 4ᵉ en Afrique de l’Ouest et 2ᵉ au sein de l’UEMOA », a souligné Binta Sanneh, représentante résidente du PNUD, lors du lancement national du rapport à Lomé. Elle a rappelé que l’édition 2025 intervient à un moment où le pays inscrit l’intelligence artificielle et la transformation numérique au service du développement humain : « si elle est pensée de manière inclusive, l’IA peut devenir un puissant levier d’égalité des chances ».  

Cette dynamique s’ancre dans une stratégie publique explicitement « axée sur l’humain », impulsée par le Président du Conseil, Faure Gnassingbé. La Feuille de route gouvernementale Togo 2025 place en tête de ses priorités le renforcement de l’inclusion et de l’harmonie sociales : couverture santé, accès aux services de base et éducation adaptée au marché du travail. « Le rapport vient à point nommé », a renchéri la ministre et Secrétaire générale de la Présidence du Conseil, Sandra Ablamba Johnson, citant la stabilisation des indicateurs de santé et d’éducation et la hausse du revenu national brut par habitant de 2 748 $ à 2 856 $ (PPA 2021).  

Les chiffres confirment l’effet rattrapage. Dans la région, le Cap-Vert (0,668) et le Ghana (0,628) dominent la tranche « moyenne », tandis que la Côte d’Ivoire (0,582) progresse sensiblement. Avec 0,571, le Togo dépasse désormais le Nigeria (0,560) et s’installe dans le groupe qui combine allongement de l’espérance de vie, années de scolarisation en hausse et amélioration du niveau de vie. Deux places gagnées au classement mondial traduisent des avancées tangibles dans ces trois dimensions constitutives de l’IDH.  

Sur le terrain, plusieurs réformes structurantes portent cette progression. Le déploiement de l’Assurance maladie universelle à partir de 2024 étend la protection sociale. L’extension des cantines scolaires, adossée à des achats locaux, soutient la fréquentation et la réussite éducative tout en dynamisant les filières agricoles. Et la digitalisation des filets sociaux a démontré la capacité du pays à cibler rapidement les ménages vulnérables. Ces politiques illustrent le virage d’un État-plateforme qui investit simultanément dans le capital humain et l’innovation.  

Les implications sont multiples. Socio-économiquement, la consolidation des acquis humains crée un socle de productivité et de résilience, favorable à l’investissement privé comme à l’entrepreneuriat local. Diplomatiquement, la cohérence des réformes et le positionnement régional du Togo, notamment sur les thèmes de la stabilité et de la médiation, améliorent sa crédibilité et son attractivité. « Le développement est d’abord une affaire de vision humaine », rappelait encore le PNUD : la trajectoire togolaise montre qu’une croissance inclusive, soutenue par la donnée, la santé et l’éducation, peut changer d’échelle et irriguer l’ensemble du tissu national. 



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