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Le 30 août 2023 restera dans l’histoire du Gabon comme un tournant majeur. Ce jour-là, le général Brice Clotaire Oligui Nguema met fin à plus d’un demi-siècle de domination politique de la famille Bongo, écartant Ali Bongo Ondimba du pouvoir, dans une opération saluée par une majorité de Gabonais aspirant au changement. Depuis, l’enjeu principal est devenu l’unité nationale, et à l’approche de l’élection présidentielle d’avril 2025, les regards sont tournés vers le président de la transition : réussira-t-il à unir vraiment la société gabonaise ?
L’unité nationale, héritage et défis historiques du Gabon
Pour comprendre la portée de la démarche actuelle d’Oligui Nguema, il est nécessaire d’examiner brièvement l’histoire politique récente du Gabon. Depuis son indépendance en 1960, ce pays d’Afrique centrale est dirigé sans interruption par la famille Bongo : Omar Bongo, puis son fils Ali. Durant quatre décennies, Omar Bongo parvient à maintenir une certaine cohésion nationale grâce à un système de redistribution des richesses issues du pétrole, allié à un modèle politique fondé sur le Parti démocratique gabonais (PDG), longtemps unique parti autorisé. La stabilité gabonaise était ainsi largement attribuée à cette gestion consensuelle apparente, mais cachait un système clientéliste et centralisé.
L’arrivée du multipartisme dans les années 1990 révèle progressivement les fractures du pays. Le régime se durcit sous Ali Bongo, notamment après les élections présidentielles controversées de 2009 et surtout de 2016, marquées par des violences post-électorales. Ces événements ébranlent fortement l’unité nationale, laissant une population divisée, désillusionnée, et parfois hostile envers le pouvoir. En 2019, une tentative de coup d’État avortée soulignait déjà l’épuisement de l’ancien modèle politique gabonais.
C’est dans ce contexte de crise et de division que Brice Oligui Nguema prend le pouvoir en 2023, avec l’ambition affichée de réunifier une nation fragmentée.
Brice Oligui Nguema : un président qui incarne un renouveau politique
Issu lui-même du système qu’il renverse – ancien commandant de la Garde républicaine et proche éloigné d’Ali Bongo –, Oligui Nguema apparaît pourtant rapidement comme l’homme de la rupture. Dès ses premières déclarations, il s’engage à mettre en place une transition vers la démocratie et annonce la libération immédiate des prisonniers politiques emprisonnés sous l’ancien régime. Cette décision constitue un premier acte fort de réconciliation nationale, apaisant une société civile longtemps marginalisée.
En parallèle, conscient que l’exemplarité est essentielle à la crédibilité de son pouvoir, Oligui Nguema refuse symboliquement son salaire présidentiel, affirmant vouloir vivre uniquement de sa solde militaire. Ce geste inédit en Afrique renforce son image auprès d’une population lassée par la corruption et les abus des élites. De même, le président de transition relance une politique ferme contre la corruption, appelée « opération Mamba», ciblant explicitement les hauts responsables proches du pouvoir déchu, en particulier ceux impliqués dans des détournements massifs. Ces mesures lui assurent rapidement un large soutien populaire, en faisant de lui l’incarnation du changement tant attendu.
Un gouvernement ouvert, une approche inclusive
Un autre aspect fondamental de l’approche d’Oligui Nguema réside dans sa volonté de former un gouvernement représentatif, symbolisant une véritable unité nationale. À la tête du gouvernement de transition, il place Raymond Ndong Sima, ancien Premier ministre passé à l’opposition, marquant ainsi une volonté claire d’ouverture politique. Le pouvoir législatif transitoire est également représentatif : Paulette Missambo, figure emblématique de l’opposition, préside le Sénat transitoire, tandis que Jean-François Ndongou, un proche de l’ancien régime, dirige l’Assemblée nationale provisoire. Ce savant dosage permet à Oligui Nguema d’afficher un équilibre et d’éviter tout sentiment d’exclusion politique, cimentant ainsi une véritable dynamique d’unité nationale.
Des réformes structurelles pour une unité tangible
Par ailleurs, conscient que l’unité nationale ne se construit pas uniquement par des discours mais par des actions concrètes, Oligui Nguema engage rapidement des réformes économiques et sociales visibles pour tous. En quelques mois seulement, le gouvernement transitoire lance des projets de réhabilitation d’infrastructures essentielles longtemps négligées (routes, centres de santé, écoles), avec un impact immédiat sur la vie quotidienne des Gabonais. Ces initiatives ciblées améliorent le quotidien de populations souvent oubliées et renforcent le sentiment d’appartenance à une communauté nationale plus solidaire.
De plus, des mesures symboliques sont prises pour restaurer une certaine justice sociale, comme la réactivation des bourses scolaires et universitaires qui avaient été supprimées, ou encore la gratuité renforcée de certains services publics essentiels. En s’attaquant à ces problématiques très concrètes, Oligui Nguema renforce significativement le sentiment d’appartenance nationale.
La nouvelle Constitution, pilier de l’unité retrouvée
Le véritable acte fondateur de la « Nouvelle République » gabonaise est l’adoption en novembre 2024 d’une nouvelle Constitution. Ce texte, issu d’un large dialogue national et validé par référendum à plus de 91 %, fixe des bases solides pour éviter les dérives du passé. Il limite désormais strictement les mandats présidentiels à deux périodes de sept ans et introduit des conditions strictes d’éligibilité à la présidence afin d’éviter le retour à un régime dynastique. Cette Constitution est perçue par l’opinion publique comme un véritable renouveau démocratique, et constitue le socle d’une nouvelle unité politique et institutionnelle durable.
La nouvelle constitution innove également en attribuant pour la première fois des sièges parlementaires à la diaspora gabonaise, intégrant ainsi officiellement les Gabonais de l’étranger au projet d’unité nationale. Cette démarche inclusive vient renforcer le sentiment général d’appartenance à une communauté nationale élargie, au-delà des frontières du pays.
Soutiens internes et reconnaissance internationale
Sur le plan intérieur, Brice Oligui Nguema jouit d’un fort soutien populaire, clairement manifesté lors des grandes mobilisations organisées depuis sa prise de pouvoir. Cette adhésion populaire provient principalement de sa politique pragmatique et transparente, ainsi que de son discours d’ouverture transcendant les appartenances ethniques et régionales. Le consensus relatif dont il jouit se manifeste également par l’absence notable de contestations majeures, preuve que la société gabonaise, dans sa majorité, adhère à la direction prise par la transition.
Sur le plan international, le Gabon d’Oligui Nguema a réussi à éviter l’isolement diplomatique souvent consécutif à un coup d’État. Sa promesse d’organiser rapidement des élections libres et son attitude constructive avec les partenaires internationaux lui ont permis de maintenir des relations apaisées, notamment avec la France et d’autres puissances mondiales. La communauté internationale, rassurée par la modération et l’ouverture d’esprit du président de transition, a apporté son soutien prudent au processus en cours, tout en encourageant une issue démocratique rapide. Les grandes institutions financières internationales, initialement réticentes après le coup d’État, ont progressivement renoué leurs programmes d’aide au pays, convaincues par la sincérité du processus engagé.
Une unité nationale en passe d’être réalisée
À la veille des élections générales d’avril 2025, Brice Oligui Nguema semble réussir son pari: réunifier véritablement le Gabon, non par la contrainte mais par l’adhésion volontaire des citoyens à une vision renouvelée de leur avenir commun. Le changement politique qu’il incarne, entre rupture avec le passé et réformes audacieuses, a redonné confiance et espoir aux Gabonais.
Cette dynamique positive place le Gabon comme un modèle original et inspirant en Afrique centrale, démontrant qu’un changement politique radical peut s’effectuer pacifiquement et déboucher sur une réelle unité nationale. À la veille d’élections présidentielles historiques, prévues pour avril 2025, le Gabon semble prêt à tourner définitivement la page des années Bongo, consolidant ainsi son unité retrouvée sous la direction pragmatique et rassembleuse de Brice Oligui Nguema.